Son grand-père était ouvrier chez Fischer, l’une des grandes
brasseries historiques de Schiltigheim, son père ingénieur. Après des
études au lycée Kléber, il entre à l’Ecole de brasserie de Nancy
(ENSAIA : Ecole nationale supérieure d’agronomie et des industries
alimentaires), puis obtient un doctorat en chimie organique sur la
fermentation en 1965. Il a fait toute sa carrière à la brasserie Fischer
et Adelshoffen (groupe Heineken) dont il sera le PDG.
Marc Arbogast collectionne des objets vodous depuis l’âge de 20 ans.
En effet c’est en 1960 qu’il a pris un billet d’avion et s’est envolé
pour la première fois en Afrique avec sa femme Marie Luce. Ce voyage
esta le premier d’une longue série pour le couple et les prémisses d’une
passion dévorante pour le Vodou. Leur collection comporte plus de mille
pièces, ce qui fait d’elle la plus importante de France et peut-être du
monde.
Il a acquis puis rénové l’ancien château d’eau de la rue de
Koenigshoffen, qui était à l’abandon, et construit durant la période
allemande, en 1878, par l’architecte Johann Eduard Jacobsthal (qui fut
aussi celui de la gare de Metz), en style néo-roman et est inscrit aux
Monuments historiques. Ses cuves servaient autrefois de réservoir pour
alimenter les locomotives à vapeur de la gare de Strasbourg.
Aujourd’hui il abrite le Musée Vaudou et propose au public la visite de
de la collection unique et exceptionnelle de Marc et Marie-Luce
Arbogast.
Marc Coppey
Violoncelliste de talent, Marc Coppey est
né en 1969 à Strasbourg. Après des études au lycée Kléber, il suit les
cours du conservatoire de Strasbourg. Il poursuit ensuite ses études
musicales au Conservatoire de Paris, puis aux Etats-Unis. Il se fait
connaître en remportant à 18 ans les deux plus hautes récompenses du
concours Bach de Leipzig : le premier prix et le prix spécial de la
meilleure interprétation. Il est remarqué par Yehudi Menuhin avec qui il
se produit à Moscou et à Paris
Il est le directeur musical du festival les Musicales de Colmar, de l’orchestre lessolistes de Zagreb,etdu projet Musique@mpus à la Saline royale d’Arc-et-Senans. Il enseigne au Conservatoire de Paris depuis 2003 et donne des master- classes dans le monde entier.
Il joue sur les plus grandes scènes
mondiales : il se produit sur les grandes scènes de Londres, Berlin,
Amsterdam, Paris, Bruxelles, Dublin, Prague, Budapest, Moscou,
Saint-Pétersbourg, New-York, Mexico, Sao Paulo, Shanghai, Séoul ou
Tokyo. Il est souvent l’invité des festivals de Radio-France et de
Montpellier, Strasbourg, Besançon, La Roque d’Anthéron, Aix-en-Provence,
Stuttgart, Musica, Midem, Printemps des arts de Monte-Carlo, Kuhmo,
Korsholm, West Cork, Kaposvar, Campos do Jordao, Prades, de la « Folle
Journée » de Nantes ou Lisbonne.
Le répertoire de Marc Coppey est
éclectique, il illustre sa grande curiosité : s’il donne fréquemment
l’intégrale des Suites de Bach et le grand répertoire concertant, il
fait aussi connaître bon nombre d’œuvres plus rares. Il joue un
violoncelle de Matteo Goffriller (Venise 1711). Il a été nommé officier
des arts et lettres en 2014.
jacques Gachot
Jacques Gachot, Artiste-Peintre, Caricaturiste (1885-1954) est né à Strasbourg 13 rue de la Course. Il y vécut toute son enfance. C’est son oncle, Frédéric Krauss célèbre professeur de dessin du Gymnase protestant et qui tenait, sur le quai Saint-Nicolas, une petite école privée où il enseignait l’art du dessin qui décida de son destin. Il fut, d’après les archives du lycée Kléber, élève de la classe de 5ème A en 1897-1898.
De 1904 à 1906, il fréquente l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg puis pendant quatre ans, il suit les cours de la Koenigliche Akademie de Düsseldorf. Il consacre l’année 1911 à des voyages d’études en Italie, en Suisse, en Allemagne, en Belgique, en Espagne. De 1910 à 1913, il est inscrit à l’Académie Julian à Paris. En 1913, il revient à Strasbourg et s’installe comme artiste peintre indépendant, au 14a, Quai Koch. Dès 1912, il expose, d’abord à Strasbourg, à la Maison d’Art Alsacienne, puis en Allemagne, à Düsseldorf, Stuttgart, Berlin, Baden-Baden.
En 1919, après le retour de l’Alsace à la France, il adhère au Groupe de Mai, ce groupement de dix peintres qui s’est donné pour ambition de renouveler l’art alsacien et représente une étape importante de l’histoire de l’art en Alsace, et ce jusqu’en 1936. Mais, Jacques Gachot avait déjà, en 1913, rué dans les brancards en produisant un autoportrait nettement expressionniste et qui scandalisa les Strasbourgeois. A partir de 1929 il est plus souvent présent en Alsace.
En 1921, Gachot oriente sa peinture vers le monde du théâtre, des danseuses. Gachot commence à faire des dessins et des caricatures pour les Dernières Nouvelles de Strasbourg. Attiré par le sculpteur Alfred Marzolff et les paysages du Ried, Gachot venait fréquemment à Drusenheim. En 1945, il partagea les souffrances de la population locale. Il dessina par la suite les villages sinistrés de la région. Grâce à lui nous restent des vues de Strasbourg bombardé et de Drusenheim à la Libération. Sa passion pour Drusenheim fut récompensée par la municipalité qui le nomma citoyen d’honneur.
Érik Izraelewicz (1954-2012)
Érik Izraelewicz
est un journaliste français, né à Strasbourg le 6 février 1954 et mort
le 27 novembre 2012 à Paris. Sa famille s’installe en 1965 à Haguenau où
il fait ses études primaires au Petit lycée puis secondaires
au lycée. Après son baccalauréat, il est élève de prépa HEC au lycée
Kléber, puis diplômé d'HEC (1976), du Centre de formation des
journalistes (1978) et docteur en économie internationale (1979).
Érik Izraelewicz débute dans le journalisme économique à L’Usine nouvelle. Il entre à L’Expansion en 1981 puis intègre La Tribune de l’Economie en 1985. Il intègre en avril 1986 le service économie du quotidien Le Monde.
Il accentue la place consacrée à la vie des entreprises et affirme que
le sujet économique dans le journal est aussi important que
l'international et la politique. Il devient l'éditorialiste du titre en
matière d'économie en 1991, puis correspondant du journal à New York en
1993-1994. En novembre 1996, il est nommé rédacteur en chef du journal.
Il quitte le journal Le Monde en 2000, pour le quotidien économique Les Echos.
Il tient aussi une chronique quotidienne économique à Europe 1. Il quitte Les Échos en février 2008 pour le même poste à La Tribune. Il quitte également Europe 1. Il devient membre du directoire du journal Le Monde en
2011, choix ratifié par les journalistes du quotidien avec 74 % des
voix. Sous sa direction sont lancés une nouvelle version du quotidien,
une nouvelle version du magazine hebdomadaire Monde magazine qui devient M, la magazine du Monde
et l'intégration de nouveaux cahiers dans le journal. Il est également
membre du Conseil scientifique du CEPII à partir de 1995, de la
Commission économique de la Nation à partir de 1997, et du Conseil
d'administration de l’ENA à partir de 2001.
Il a publié :
- Les Mutations de l'économie mondiale 1975-1990
- Ce monde qui nous attend, 1997
- Le Capitalisme zinzin, 1999
- Monsieur Ni-ni : l'économie selon Jospin
- Quand la Chine change le Monde, 2005
- L’Arrogance chinoise, 2011
Le Prix Érik Izraelewicz de l’enquête économique
En 2014 le journal Le Monde, le Centre de formation des journalistes de Paris et
HEC Paris s'associent pour créer le prix Érik Izraelewicz de l’enquête
économique qui a pour but d'encourager l'enquête, l'ouverture au monde,
la mise en perspective et le sens du récit des journalistes dans tous
les champs de l'économie.
Robert Kuven (1901-1983)
Robert Kuven né à Strasbourg le 21 août 1901, et mort le 25 avril 1983 (à 81 ans) dans la même commune, est un peintre et aquarelliste alsacien. Un square à l’Elsau porte son nom.
Fils de comptable, il entre à 16 ans à
l’Ecole nationale technique d’architecture de Strasbourg. Pendant sa
période de formation il copie de très grands maîtres. Il exerce le
métier d'architecte jusqu’en 1926 puis fréquente l’école des arts
décoratifs de Cologne avant de se rendre à Munich. A son retour à
Strasbourg il enseigne le dessin au collège Saint-Etienne de 1932 à 1939 et après 1945 au lycée Kléber.
Il fait de nombreux voyages, se rend en Angleterre pour y étudier
Turner, séjourne à Florence, en Suisse, en Autriche, en Hollande et en
Espagne. En 1975, il se rend encore en Norvège et dans les pays
nordiques.
Il s’est imposé comme aquarelliste,
notamment de la flore alpestre, de paysages, de forêts. Il a aussi
illustré de nombreux livres et almanachs, dessiné de multiples cartes
postales et cartes de vœux. Il a également laissé de nombreuses
peintures à l’huile (natures mortes, bouquets, portraits, monuments et
paysages alsaciens). Ses œuvres se caractérisent par leur sincérité et
ont contribué à enrichir le patrimoine artistique de l’Alsace.
Louis Langrée
Louis Langrée est un chef d’orchestre français,
né à Mulhouse le 11 janvier 1961, fils de l’organiste , chef de chœur
et théoricien Alain Langrée. Il est actuellement directeur musical de
l’Orchestre symphonique de Cincinnati, du Mostly Mozart Festival à New
York, et chef de la Camerata de Salzbourg depuis 2011. Il est nommé
directeur du Théâtre national de l’Opéra-Comique à Paris à compter du
1er novembre 2021.
Après ses études au Lycée Kléber (il était en 2nde Ts en 1976-1977)
puis au conservatoire de Strasbourg, il débute comme chef de chant et
assistant à l’Opéra national de Lyon, au Festival d’Aix-en-Provence et
au Festival de Bayreuth. De 1989 à 1992, il est engagé comme assistant à
l’Orchestre de Paris.
Depuis, il est régulièrement invité par
les plus grandes maisons d’opéra: Metropolitan Opera de New York, Scala
de Milan, Staatsoper de Vienne, Royal Opera House-Covent Garden à
Londres, Lyric Opera de Chicago, Staatsoper de Dresde, Grand Théâtre de
Genève, De Nederlandse Opera à Amsterdam…
Il dirige en concert les orchestres
philharmoniques de Vienne, Berlin, Londres, Tokyo, l’Orchestre de Paris,
l’Orchestre de l’Accademia Santa Cecilia de Rome, les orchestres
symphoniques de Londres, Pittsburgh, Cincinnati, Baltimore, Dallas,
Houston, Melbourne, Sao Paulo, l’Orchestre du Festival de Budapest,
l'Orchestre de la Suisse Romande… Il est également invité par des
ensembles sur instruments d’époque: The Orchestra of the Age of
Enlightenment, l’Orchestre des Champs-Élysées, le Concert d’Astrée,
Concerto Köln, Freiburger Barockorchester.
Il apparaît dans de nombreux festivals
comme ceux de Glyndebourne, Aix-en-Provence, Printemps des Arts à
Budapest, George Enescu à Bucarest, Spoleto, Drottningholm, aux Wiener
Festwochen, aux BBC Proms à Londres, à la Mozartwoche de Salzbourg, aux
Chorégies d’Orange…
Louis Langrée a été directeur musical de
l’Opéra National de Lyon, du Glyndebourne Touring Opera, de l’Orchestre
de Picardie et de l’Orchestre philharmonique royal de Liège.
La Royal Philharmonic Society de Londres
lui a remis le « Best Musical Achievement Award 2002 » dans la catégorie
Opéra et la Presse musicale internationale lui a décerné en 2007 son Grand Prix Antoine Livio. Il a reçu le prix du Syndicat de la critique en 1994 et en 2011.
Il est officier des Arts et des Lettres et
chevalier de la Légion d’honneur. Il a réalisé plusieurs
enregistrements pour Virgin, Universal et Naïve qui ont reçu de
nombreuses récompenses (Gramophone Award, Victoire de la Musique,
Diapason d’or, Midem Classical Award...).
Raymond Matzen (1922-2014)
Fils d’un cheminot, Charles Eugène Matzen, de Reichstett, et de Marie Eugénie Debs de Kilstett, Raymond Matzen
fait ses études au lycée Kléber et au collège d’Issoire (Puy-de-Dôme)
où il est réfugié pendant la Seconde Guerre mondiale. À l'âge de 16 ans,
il écrit son premier article pour les Dernières Nouvelles d'Alsace dont il est le plus jeune correspondant.
Une fois la paix revenue, il poursuit des études de lettres
(allemand, anglais, phonétique) aux universités de Fribourg-en-Brisgau,
Strasbourg ainsi qu'à la Sorbonne.
Agrégé d’allemand, il enseigne pendant près de vingt ans avant
d’entamer une brillante carrière d’universitaire : il devient professeur
en linguistique et dialectologie, directeur, puis président de
l’Institut de Dialectologie à la faculté de Lettres de Strasbourg
(1970-1988).
En 2006, la Région et la société Microsoft lui confient un projet pilote : la réalisation d'un système d'exploitation Windows en alsacien.
Il fut un acteur décisif du renouveau de l’alsacien. Nous lui devons
une méthode d’apprentissage de la langue régionale, des traductions,
mais aussi des poèmes. Il a écrit une centaine de textes en alsacien,
mais aussi en allemand. Il a transmis autour de lui sa passion pour
l’Alsace, sa langue, sa culture.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont :
- Atlas linguistique et ethnographique de l’Alsace avec Ernest Beyer, 1969
- Proverbes et dictons d’Alsace, 1987
- Anthologie des expressions d’Alsace. Équivalents français, traductions et explications., 1989
- Dictionnaire trilingue des gros mots alsaciens : dialecte, français, allemand ; cartes géolinguistiques et index, 2000
- Wie geht’s ? Le dialecte à portée de tous, avec Léon Daul, 1999
- Wie steht’s ? Lexiques alsacien et français, Variantes dialectales, Grammaire, avec Léon Daul, 2000
- s’Neje Teschtàment, Le Nouveau Testament en dialecte alsacien, en collaboration avec Daniel Steiner, pasteur. 2013.
Germain Muller (1923-1994)
Auteur dramatique, acteur, homme politique, poète, chansonnier, humoriste et cofondateur du célèbre cabaret strasbourgeois « De Barabli ».
Personnalité aux multiples facettes, il a contribué à façonner
l’imaginaire de la région et figure aujourd'hui en bonne place au «
Panthéon alsacien ».
Germain Muller est le fils de Louis
Muller, inspecteur des Beaux-Arts, et d'Augustine Wilhelm. Le chanoine
Eugène Muller est son oncle. Sa famille paternelle est originaire de
Ranspach dans le Haut-Rhin et sa famille maternelle est de Reichstett.
Sa sœur cadette Simone, future comédienne, naît en 1927. Avec sa
famille, le jeune Germain passe toute son enfance dans le quartier du
Contades, à proximité du parc du même nom. Il y fréquente l’école
maternelle. Dans un poème mélancolique, porté à la scène en 1946, Wo sinn mini Kumbel vum Contad ?
(« Où sont mes copains du Contades ? »), il rend hommage à ses anciens
compagnons de jeux, dont plusieurs sont tombés à la guerre. D'r Contades Mensch,
le spectacle monté et interprété par Bernard Freyd en 2000 au Théâtre
national de Strasbourg (TNS), fait écho à cet attachement à son
quartier.
En 1929 il entre en 10ème à Notre Dame des
Mineurs et redouble cette classe l’année suivante à Kléber. En 1937 il
entre au conservatoire dans la classe d’art dramatique. En 1938 il est
renvoyé du lycée Kléber pour manque de travail et d’assiduité, il rentre
alors à Fustel de Coulanges. En septembre 1939 la famille Muller part
pour Périgueux. Il s’inscrit au cours d’art dramatique du Conservatoire
de Bordeaux dont il sort major.
De retour en Alsace en 1941, il entre à la
Theater Akademie de Karlsruhe, en sort diplômé et travaille comme
comédien à Würzburg. Mais comme de nombreux jeunes alsaciens, il est
incorporé de force dans la Wehrmacht et déserte en 1943. Il se réfugie
en Suisse. En novembre 1944 il rentre à Strasbourg avec l’armée du
général De Lattre de Tassigny.
Germain Muller fonde en 1946 avec son épouse la comédienne Dinah Faust, De Barabli,
un cabaret satirique bilingue qui connaît un immense succès jusqu’en
1989. Forme d’humour unique, combinant le chant et la comédie, il porte
un regard acéré sur l’actualité et le monde politique et s’attaque aux
traumatismes propres aux Alsaciens de la génération d’après-guerre. En
1949, il écrit la plus emblématique de ses pièces de théâtre "Enfin… redde m’r nìm devùn"
(Enfin …n’en parlons plus) qui réussit le tour de force de réconcilier
les Alsaciens avec leur histoire récente, celle de la Deuxième Guerre
mondiale.
Au cours de sa longue carrière, il anime
et produit des émissions de radio, de télévision, joue dans de nombreux
films allemands. De 1959 à 1989 il est conseiller municipal, puis
adjoint au maire chargé de la culture et du tourisme, il porte le projet
de création de l’Opéra du Rhin. Il est chevalier de la Légion
d’Honneur, commandeur des Arts et Lettres et de l’ordre national du
Mérite, officier de l’ordre de l’Empire britannique et chevalier de
l’ordre de Dannebrog.
La place qu’il occupe dans la mémoire
collective est celle d’une personnalité unique dont l’œuvre a participé à
la compréhension de la psychologie alsacienne, notamment après la
guerre. Il connait bien l’âme alsacienne et sait en faire rire à ses
dépens. Homme de conviction, il est pendant près de 30 ans, un acteur
incontournable de la vie politique et culturelle strasbourgeoise. Gilles
Pudlowski dans son "Dictionnaire amoureux de l’Alsace" le qualifiera de
véritable "ministre de la Culture" de Strasbourg.
Roland Recht
Roland Recht
est un historien de l’art, universitaire, conservateur de musée, chroniqueur et critique d’art français. Il est né en 1941 à Strasbourg dans un milieu modeste. Après le baccalauréat, il se tourne d’abord vers
des études littéraires et entre en hypokhâgne au lycée Fustel-de-Coulanges puis en 1963 s'oriente vers l’histoire de l’art. Ses
premières recherches portent sur l’architecture gothique du Rhin supérieur et sur la cathédrale de Strasbourg.
Sa thèse de troisième cycle est soutenue en 1972, l’année où il fait un séjour à l’université Yale. Suivent des études sur la sculpture : en 1978, son doctorat d’État est consacré à la celle de la fin du Moyen Âge sur le Rhin supérieur. Nommé professeur des universités en 1979, il est professeur à
l’université de Dijon (1980-1986). De 1986 à 1993, il est directeur des
musées de Strasbourg : on lui doit une importante politique d’enrichissement des collections et de nombreuses expositions, de même que le lancement du projet d’un musée d’art moderne et contemporain, achevé en 1998.
À la suite d’un désaccord avec l’équipe municipale, il donne sa démission et intègre l’université de Strasbourg en octobre 1993. En 2001, Roland Recht est élu professeur au Collège de France qui crée à son intention la chaire Histoire de l’art européen médiéval et moderne et qu’il occupe jusqu’à son départ à la retraite en 2012. En 2003, il devient membre de l’Institut de France (Académie des inscriptions et belles-lettres)
qu’il préside en 2014. Il est aussi directeur de la Revue de l’art. Roland Recht a collaboré régulièrement au journal Libération (de 1993 à 1999), et a signé un éditorial mensuel dans Le Journal des arts de 2003 à 2012.
Nicolas de Leyde et la sculpture à Strasbourg 1460-1525, Strasbourg, 1987.
Le Monde gothique : automne et renouveau 1380-1500, Paris, Gallimard, 1988
Les Bâtisseurs de cathédrales gothiques, sous la dir. de Roland Recht, Strasbourg, 1989.
La Lettre de Humboldt : du jardin paysager au daguerreotype, Paris, 1989.
Les Bâtisseurs des cathédrales gothiques, catalogue d’exposition, Strasbourg, 1989.
Penone. L'espace de la main, Strasbourg, 1991.
Le Dessin d'architecture : origine et fonction, Paris, 1995
Le croire et le voir : introduction à l'art des cathédrales (XIIe-XVe siècles), Paris, 1999
Penser le patrimoine : mise en scène et mise en ordre de l'art, Paris, Hazan, 1999.
Le Rhin : vingt siècles d'art au cœur de l'Europe, Paris, 2001
Giotto vis-à-vis : volti e mani dalla Cappella degli Scrovegni, Turin, 2002.
L'Objet de l'histoire de l'art : leçons inaugurales du Collège de France, Paris, 2003.
À quoi sert l'histoire de l'art ?, conversation avec Claire Barbillon, Paris, Textuel, 2006.
La Lettre de Humboldt, Paris, Christian Bourgois, 2006 (rééd.).
Relire Panofsky (codir.), Paris, La Documentation française – Le Louvre, 2008.
L’Histoire de l’histoire de l’art en France au XIXe siècle (codir.), Paris, La Documentation française, 2008.
Point de fuite : les images des images des images. Essais critiques sur l’art actuel 1987-2007, Paris, Beaux-arts de Paris Les éditions, 2009.
Revoir le Moyen-Âge. La pensée gothique et son héritage, Paris, 2016
Roger Siffer
Comédien, homme de radio, chansonnier
régionaliste, humoriste et cabaretier, Roger Siffer est né en 1948 à
Villé, la région du Val de Villé est une source d’inspiration toujours
très présente dans ses sketches. Il garda un mauvais souvenir du Lycée
Kléber où il fut interne : dans les archives du lycée, il est le
pensionnaire n°163 et on trouve la mention de son trousseau d’interne (4
draps, 4 serviettes de table et 4 serviettes de toilette) pour les
années 1964, 1965 et 1966.
Il raconte dans ses souvenirs les nombreuses
heures de colle qui lui ont été infligées, pour ses cheveux trop longs,
ses sorties de l’internat le soir, mais aussi comment il a créé un club
de jazz au lycée, dans un foyer en auto-discipline, qui lui « faisait
oublier la grisaille de la vie d’interne et les colles ».
Puis il suit des études de philosophie à
la Faculté des lettres de Strasbourg. Il fait ses débuts dans la chanson
en collectant des airs populaires traditionnels et enregistre son
premier disque en 1972.
Formé à l’école du Barabli de Germain
Muller, il reprend et porte haut la tradition du cabaret alsacien en
créant à Strasbourg « La Choucrouterie » en 1984, à la fois restaurant,
cabaret et salle de spectacle. On retrouve dans sa troupe Cookie
Dingler, Huguette Dreikraus, Jean-Pierre Schlagg et bien d’autres. Les
spectacles sont donnés en alsacien et en français, et chaque année
Strasbourg attend avec impatience la nouvelle revue qui caricature la
vie politique locale mais aussi nationale.
Roger Siffer, barde de l’Alsace, est
devenu un symbole culturel, que tous peuvent rencontrer dans la Winstub
attenante à la salle de spectacle, en dégustant une bonne choucroute.
Christian Lutz-Sorg
Christian Lutz-Sorg (1958-2021)était l’ancien chef du service photo des Dernières Nouvelles d’Alsace.
Il avait derrière lui quarante années d’une pratique photographique au
service du journalisme qui imposait le respect par sa rigueur. Il a été élève au Lycée Kléber et a passé son bac en 1976. Ancien
élève du Centre universitaire d’enseignement du journalisme de
Strasbourg, entré aux DNA en décembre 1979, Christian Lutz-Sorg avait
finalement fait le choix de la photographie plutôt que de la plume. Et
pourtant celle-ci se révélait excellente. Bien plus tard, entre 2013
et 2019, il eut tout loisir de réunir ses deux passions, l’écriture et
la photographie, au fil d’une chronique qui chaque lundi offrait la
relecture d’une image d’un de ses camarades du service Photo des DNA. Le
lecteur y découvrait le contexte d’une prise de vue, les coulisses du
métier, et surtout comment une image fait sens dans son rapport à un
article. « Nous consommons à longueur de journée des images, mais
personne ne nous apprend à les lire ! », se désolait-il. Christian
Lutz-Sorg a expliqué cette rigueur de l’acte photographique : rien
d’autre que la singularité d’un regard qui tient à la fois du travail,
de l’expérience et de l’intelligence d’un métier. Autant de points qu’il
réunissait en sa personne avec une autorité naturelle que personne ne
pouvait lui contester.
Partir en reportage avec lui était un
bonheur, une chance aussi, car sa perception du sujet était source
d’enrichissement pour le reporter. Les questions du point de vue, de
l’angle du papier comme celui de l’image infusaient dans son esprit.
Tout cela passé au tamis d’un pur bon sens, d’une véritable passion pour
l’actualité qui n’était qu’une façon différente d’exprimer sa curiosité
et son intérêt pour les gens. De Sarajevo assiégée aux combattants du
Polisario en Mauritanie, du Grand Nord canadien aux murs chargés
d’histoire de Jérusalem, de la brigade anticriminalité de Papeete à la
route des Droits civiques dans le sud profond des États-Unis, Christian
Lutz-Sorg a posé son objectif avec toujours la même envie de dire le
monde. Et cette Alsace natale qu’il avait sillonnée en long et en large
n’était pas en reste et il portait la même considération à la visite
d’un président de la République à Strasbourg qu’à l’élection d’une Miss
Alsace.
Christian Lutz-Sorg a
laissé une œuvre photographique majeure. Bien plus qu’un photographe de
presse, il était un observateur de l’époque, un témoin. Parce qu’il
savait lire une image avant de l’imprimer et qu’il en comprenait
d’instinct le sens. Ces dernières années, il avait délaissé les gros
appareils encombrants pour un petit Leica M qui l’accompagnait partout.
Discret, maniable, il lui permettait de saisir l’instant sur le vif,
comme par surprise. L’air de rien, il le collait sur son œil droit et
tournait la mollette, appuyait sur le déclic. Sport, vies de quartiers,
manifestations, visites de personnalités, grands reportages, sessions
parlementaires ou meetings, il a tout au long de quelque quarante années
de journalisme documenté son temps. Il a édité un ouvrage : Christian
Lutz-Sorg (2000), Strasbourg, Prétexte , 2000.